Les écoles coraniques au Niger : Quel avenir pour les talibés ?

Au Niger, depuis les années 2003, selon le Réseau Ouest et Centre Africain en Education, on dénombre plus de 50 000 écoles coraniques, 18 ans après le nombre de ces écoles à certainement doublé voire triplé. Les écoles coraniques sont des écoles dans lesquelles l’on apprend à lire, à écrire et à mémoriser le coran et la Sunnah du Prophète (PSL) conformément aux obligations de la religion musulmane. En plus de l’enseignement formel, plusieurs parents continuent de confier l’éducation de leurs enfants aux Maîtres appelés ‘’marabouts’’ ou de les envoyer dans des écoles coraniques. Cependant, force est de constater que les jeunes issues de ces écoles coraniques sont souvent sans perspective d’emploi car n’ayant pas appris de petit métier et font donc face au phénomène du chômage.
Il est fréquent de constater dans plusieurs régions du Niger notamment dans les villages, le refus de certains parents d’envoyer leurs enfants à l’école formelle. Dès le bas âge ces enfants sont confiés à des marabouts qui leurs enseignent les fondements de l’Islam et les prépare à être des croyants exemplaires. Au bout de plusieurs années d’apprentissage, la plupart deviennent des maîtres aguerris dans la lecture, la mémorisation et l’interprétation du coran et des Hadiths. Mais, ils n’ont pas les compétences à offrir au marché de l’emploi pour s’intégrer dans la vie active. C’est pourquoi, la société doit mener des réflexions sur les perspectives d’une éducation basée sur la religion.
Par ailleurs, certains parents envoient leurs enfants chez des marabouts basés dans les grandes villes qui les accueillent sous leur toit pour les initier à la religion.
Cependant, certains de ces enfants se retrouvent dans les rues pour mendier à longueur de journée en sollicitant la pitié et la générosité des passants. Or, la rue à ses propres réalités et sa propre éducation. C’est ainsi que ces âmes innocentes destinées à être des fidèles musulmans deviennent des potentiels acteurs du banditisme urbain.
Pour pallier ce phénomène inquiétant, l’Etat et les partenaires au développement en collaboration avec les principaux acteurs concernés par les questions d’éducation, doivent mettre en place des politiques et stratégies afin de créer des cadres d’apprentissage tout au long de la vie aux jeunes en général et aux jeunes déscolarisés ou issus des écoles coraniques en particulier. Mieux, le Président de la République Bazoum Mohamed dans son programme de la renaissance acte 3 accorde une place de choix à toutes les questions de l’éducation et particulièrement celle de la jeune fille. C’est pourquoi, le Réseau des Journalistes pour l’Education et le Développement (RENJED) mène depuis plusieurs années un plaidoyer pour une réforme importante dans le secteur de l’éducation afin de redonner aux enseignements coraniques toutes leurs crédibilités.
Abdoul Kader IDY/RENJED
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