La floraison des écoles privées à Niamey : Quels impacts sur la qualité de l’éducation ?

 La floraison des écoles privées à Niamey : Quels impacts sur la qualité de l’éducation ?


Depuis quelques années on constate de plus en plus une forte création des écoles et des instituts privés dans la ville de Niamey. Cet état de fait, même s’il favorise l’accès à un nombre important des citoyens à l’éducation en milieu urbain, constitue aujourd’hui un défi en termes de qualité de l’éducation, des conditions d’études, du respect des normes de création d’école, de la reconnaissance ou de la crédibilité des diplômes etc. C’est dans l’optique d’apporter des éléments de clarification que les reporters du RENJED se sont intéressés à cette question.
Dans le cadre de la création d’une école de formation au Niger, le gouvernement a pris plusieurs mesures afin d’améliorer la qualité du système éducatif. En effet, pour la création et l’ouverture d’un établissement, les promoteurs doivent selon les dispositions de la Loi d’Orientation sur le Système Educatif Nigérien (LOSEN) suivre une procédure. Il s’agit entre autres d’une demande de création d’une école adressée au Ministère de l’Education concerné avec tous les documents nécessaires (agrément de création et/ou d’ouverture, listes des enseignants titulaires et non permanents, listes des filières, les horaires des filières, les programmes d’enseignement, le terrain etc.), avant toute autorisation. Cependant, plusieurs promoteurs d’établissements privés ne respectent pas la procédure de création d’une école en violation flagrante du cadre réglementaire régissant le système éducatif.
Le constat est que, la création des écoles est devenue un business profitable pour certains promoteurs qui ne respectent pas les normes juridiques et institutionnelles. Cela engendre la multiplicité des écoles au Niger et particulièrement dans la ville de Niamey. Dans certain coin et recoin de la Ville, l’on observe de nouvelles écoles qui ne respectent pas de vue les normes techniques et académiques d’une école (école-maison). Des élèves changent d’écoles chaque année pour éviter de redoubler favorisant ainsi la ‘’marchandisation’’ des notes dans certaines écoles. Ce qui malheureusement impact négativement sur la qualité de l’éducation et entraine une baisse de niveau. Selon M. ISSA ABDOU Djibo président de l’ONG Agir pour la Promotion de l’Education et le Genre (APEG) « Tout laisse à croire que l’école privée est un business profitable aux promoteurs car le constat est amer. En effet, la plupart des diplômés issus de ces écoles ne sont pas compétitifs même sur le plan national à plus forte raison sur le plan international. A mon humble avis, le pays n’a pas besoin de cette multitude d’écoles privées qui ne forment pas grand-chose, c’est à dire des citoyens capables d’être des véritables agents de développement du pays. »
L’enseignement privé dispose de peu d’enseignants. Le personnel enseignant est souvent sans diplôme adéquat. Ce sont généralement les enseignants du public qui ont des heures creuses et les retraités qui se rabattent au niveau des privées. Mieux, les enseignants vacataires du fait de l’insuffisance de la rémunération ne sont pas stables et peuvent être à tout moment indisponible. Sur cet aspect, rares sont les écoles et instituts privés qui respectent les normes en vigueur.
Cette situation inquiétante que subit le système éducatif nigérien a amené la Direction de l’Enseignement Privé (DEPRI) a procédé à la fermeture de plusieurs écoles qui ne respectent pas les normes établies par l’Etat. Au cours de l’année 2019, au total soixante-six (66) écoles ont été fermées dont cinquante un (51) au primaire et quinze (15) au secondaire selon une étude de ASO-EPT sur l’impact de l’enseignement privé au Niger.
En ce qui concerne l’impact de cette floraison sur la qualité de l’éducation, le programme n’est pas mis en corrélation avec le programme national établit au niveau de l’enseignement supérieur ou secondaire. Il y’a également une disparité par rapport aux établissements publics car ils n’arrivent pas à respecter les programmes et à être dans les normes par rapport aux écoles privées. Ce qui renforce également les inégalités. Cet impact peut être positif lorsque ces écoles privées respectent les normes en termes de classes, d’élèves et d’enseignants.
« En tant qu’acteur de l’éducation, nous pensons que la qualité et les normes ne sont pas respectées par plusieurs écoles d’où cette floraison et la baisse de niveau constatée. Il y’a également un manque de suivi qui ne permettrai pas de suivre rigoureusement les normes dans les écoles privées. Cependant, certaines écoles et instituts arrivent à prendre un certain nombre de mesures comme le nombre suffisant du corps professoral, les normes en termes de classes et d’élèves qui vont permettre de respecter les bonnes conditions d’études et d’assurer une éducation de qualité. En ce moment nous pourrons relever les défis que connais le système éducatif nigérien.» explique le Secrétaire Général de la Confédération Générale du Travail du Niger (CGT-Niger) Monsieur Soumana Yacouba.
Le développement socio-économique d’un pays n’est possible que par l’amélioration de son système éducatif. Il constitue un moteur de développement qui permettra de relever les défis des autres secteurs notamment la santé, l’emploi des jeunes etc.
C’est pourquoi, il est important voire nécessaire de mettre un accent particulier sur les procédures de création des écoles afin de suivre sur le terrain et d’imposer le respect des normes pour l’amélioration du système éducatif Nigérien.

Hadiza Martial/ Abdoul Kader Idy /RENJED