Vente des médicaments de la rue au Niger: Conséquences socio-sanitaires

 Vente des médicaments de la rue au Niger: Conséquences socio-sanitaires

Les médicaments de la rue provoquent chaque année la mort de plus de 100 000 personnes en Afrique selon l’OMS. Une situation préoccupante surtout en Afrique subsaharienne où le phénomène est de plus en plus grandissant qui illustre à suffisance les limites des systèmes médicaux nationaux dans cette partie de l’Afrique. Au Niger, cet état de fait est visible dans chaque coin et recoin des villes exposant ainsi les consommateurs aux risques sanitaires. C’est dans ce cadre que le Réseau des Journalistes pour l’Education et le Développement (RENJED) à travers ses reporters s’est intéressé à ce phénomène afin d’édifier les populations.

Les impacts liés à la consommation des médicaments de la rue sont nombreux. Il s’agit entre autres de la destruction du foie, du cœur et des reins, des intoxications. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) environ 10% des médicaments en circulation dans le monde sont faux. Ces faux médicaments tuent prêt de 700 000 personnes par an dans le monde.

Au Niger, la pratique de la vente des médicaments communément appelés ‘’médicaments de la rue’’ prend de l’ampleur et devient un véritable businesse pour beaucoup de citoyens qui s’adonnent à cette pratique. Cette activité de vente des produits pharmaceutiques ambulants non agréé par les services compétents, est exercée par des jeunes majoritairement venus des zones rurales. Malgré les textes qui régissent la profession pharmaceutique, le problème reste toujours entier, alors que pour vendre des produits pharmaceutiques, il faudrait avoir un diplôme dans le domaine de la santé.

Ces vendeurs, font courir des risques énormes aux acheteurs de ces médicaments en vendant des produits exposés au soleil et qui, des fois ne sont pas certifiés ou sont expirés. Pourtant, il est mentionné sur beaucoup de médicaments ‘’mettre à l’abri du soleil et garde dans une température moyenne’’. Ces vendeurs ambulants ne respectent aucune mesure prescrite.

Selon Maâzou Salifou Fa-izou, doctorant en médecine à l’Université Abdou Moumouni de Niamey, les conséquences de la vente et la consommation des médicaments de la rue se situent à deux niveaux. D’abord la résistance des germes de la pathologie aux molécules, ensuite le surdosage à la consommation. Aussi, la disponibilité de ces médicaments fait accroitre le phénomène de l’automédication. « Pour un maux de tête, les personnes achètent des antibiotiques ou des antalgiques dans la rue. Ces médicaments, de fois, non adaptés à la pathologie de l’individu, provoquent la résistance des germes aux médicaments. Ensuite, la posologie n’est pas respectée. Par exemple, pour un maux de tête certains doublent de la dose. Ce non-respect de la posologie conduit à des problèmes rénaux et hépatiques ».

Aussi, n’étant pas du domaine, les vendeurs ambulants vendent des produits qui n’ont rien avoir avec les symptômes des clients causant ainsi des troubles qui conduisent parfois à la mort. Pourtant, le Gouvernement a formellement interdit la vente des médicaments dans la rue sans accréditation.  La faute à qui ? Les vendeurs de ces produits ? A l’Etat ? Aux consommateurs ? En tout cas, les responsabilités doivent être situées.

Face à cette situation grandissante et suicidaire, l’Etat doit prendre des mesures conséquentes afin d’éradiquer définitivement ce mal à travers des initiatives telles que la gratuité des soins, les subventions et l’allégement des prix des produits principalement consommés etc.

Ibrahim Diolombi Mahamadou. /ABDOUL AZIZ MAMANE Salifou

RENJED