61 ans après l’indépendance du Niger: Quelle place sociopolitique pour la femme ?

Pays situé dans la zone sahélo saharienne de l’Afrique de l’ouest, le Niger a connu d’abord l’islamisation, puis la colonisation. Il a acquis son indépendance le 03 août 1960. Depuis cette époque, des transformations profondes du rôle des femmes se sont produites dans le pays tant sur plan politique, économique et social. En effet, malgré le poids des coutumes, des traditions et la mauvaise interprétation de la religion, cette dernière est de plus en plus représentée dans les instances de prise de décisions et participe à la vie socio-active.
Au Niger, la société est dominée par le système patriarcal. Celui-ci confère aux hommes le monopole de la prise de décision mais aussi de la richesse et des pouvoirs à toutes les échelles. Cette situation relègue les femmes au second plan dont le rôle est d’assurer le ménage, s’occuper de la famille et des enfants. Pourtant, elles représentent plus de 50% de la population nigérienne estimée à environ 22 millions d’habitants en 2020. Par ailleurs, sur le plan de l’éducation et de la scolarisation, les garçons ont plus de chance de se maintenir à l’école que les jeunes filles. Cela est dû au mariage des enfants qui est l’une des principales causes de l’abandon de l’école chez les jeunes filles. En effet, selon le rapport de la Banque Mondiale sur les inégalités du genre de 2019, au Niger ¾ des filles se marient avant l’âge de 18 ans.
Le premier mouvement féminin formel au Niger a été l’Union des Femmes du Niger (UFN), créé en 1962. Cette organisation va devenir l’Association des Femmes du Niger (AFN) avec l’avènement au pouvoir des Forces Armées Nationales en 1975. Cependant, cette association a été créée seulement pour que les femmes nigériennes ne soient pas absentes à la Conférence Mondiale de la Femme et pour une question de conformité à la dynamique de la décennie de la femme décrétée par les nations Unies. Aussi, malgré le fort soutien apporté par le Général Seini Kountché à l’AFN, ce dernier n’a nommé aucune femme à un poste politique.
A l’aube de la conférence Nationale Souveraine, les femmes engagées au sein de l’AFN ont initié une vague de revendications ayant abouti à la marche historique le 13 mai 1991. Cette marche marque l’entrée effective des femmes nigériennes dans le processus démocratique. En effet, elle a permis aux femmes obtenir quatre postes supplémentaires dans la Commission Nationale de Préparation de la Conférence Nationale portant le nombre à Cinq.
Aujourd’hui, avec l’émergence de la démocratie, la lutte des femmes nigériennes se fait sentir à tous les niveaux de vie économique, sociale, religieuse et politique. Avec notamment la multiplication des associations féminines qui mettent l’accent sur l’amélioration des conditions de vie de la femme à savoir la lutte contre toutes les formes de violences subit par les femmes.
C’est dans ce sens qu’une prise de conscience par les femmes leaders a permis d’obtenir en 2002 l’adoption d’une loi sur le quota qui consacre aujourd’hui 25% de postes électifs et 30% de postes nominatifs aux femmes. En effet, en 2011 l’on compte quatorze (14) députés femmes sur 113; vingt-neuf (29) femmes sur 171 députés aux législatives de 2016 et 48 députés femmes sur 166 au titre de la troisième législature de la septième République.
Madame Marie Pascal Michel candidate malheureuse aux élections législatives 2021 affirmait ceci lors d’une interview qu’elle nous a accordé « Nous nous devons de prendre nos responsabilités face aux hommes surtout que nous représentons plus de 50% de la population ».
Il est vrai que les pesanteurs socioculturelles constituent la première source d’entraves à l’épanouissement des droits de la femme. Cependant la transformation du rôle de la femme dans la société nigérienne ne peut venir que de la promotion de la scolarisation de la jeune fille afin de susciter un véritable éveil de conscience de celle-ci.
Adamou Mariam/RENJED
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