Journée Internationale de la femme au Niger: Situation des femmes en milieu rural.
A l’instar des autres pays du monde, le Niger a célébré le lundi 08 Mars 2021, la journée internationale de la femme. Commémorée pour la première fois le 19 Mars 1911, elle a été décrétée Journée Mondiale de la Femme par l’Organisation des Nations Unies(ONU), le 08 Mars 1977. Depuis lors, cette journée est consacrée à la revendication des droits fondamentaux notamment la réduction des inégalités auxquelles font face les femmes dans le monde. Au Niger, la date du 08 Mars est une occasion pour les femmes notamment leaders d’organiser diverses activités commémoratives. Le thème retenu cette année est « Leadership féminin pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid 19 ».Cependant, 44 ans après l’institutionnalisation de cette journée, on se demande quel est réellement son impact sur la condition de la femme particulièrement celle vivant en milieu rural.
L’égalité des sexes est un droit humain fondamental reconnu par la Déclaration Universel des Droits de l’Homme de 1948. C’est également un facteur essentiel dans la lutte contre la pauvreté. Les sociétés ne peuvent prospérer durablement si la moitié de la population que sont les femmes n’ont pas suffisamment accès aux ressources sanitaires, sociales, agricoles et économiques. Au Niger, les femmes représentent plus de 50% de la population dont la majorité vit en milieu rural soit un taux de 82 %. Celles-ci font faces à de nombreux défis à savoir l’accès à l’eau potable, aux services d’hygiène, d’assainissement et de santé de base, le faible taux de scolarisation de la jeune fille.
En effet, seulement un nigérien sur deux a accès à l’eau potable selon les Nations Unies. Dans les contrés les plus éloignées du pays, les femmes parcourent des dizaines de kilomètres pour s’approvisionner en eau. Celles-ci se privent ainsi d’éducation, de formation, d’activités génératrices de revenu au profit d’une vie consacrée à la fourniture en eau, denrée vitale pour la survie. Dans le monde, environ 80% des foyers sans eau courante dépendent des femmes et des filles pour aller chercher de l’eau (source: ONU femmes).
Par ailleurs, sur le plan éducatif les garçons ont plus de chance de se maintenir à l’école que les jeunes filles. Cela est dû à plusieurs facteurs. D’abord, le mariage des enfants qui est l’une des principales causes de l’abandon de l’école chez les jeunes filles surtout en milieu rural. En effet, selon le rapport de la Banque Mondiale sur les inégalités du genre de 2019, au Niger ¾ des filles se marient avant l’âge de 18 ans. Ceci n’est pas sans conséquences sur la vie de la jeune fille. On peut citer entre autres les maladies liées aux mariages précoces notamment la fistule, la stérilité etc. La vulnérabilité économique des femmes en milieu rural est en grande partie dû au fait qu’elles ne soient pas instruite.
Au Niger, plus de la moitié de la population fait au moins 5 km avant d’accéder à un centre de santé selon le Programme de Développement Economique et Social (PDES 2017-2021). Ces problèmes d’accès aux services de santé se situent généralement en milieu rural du fait de la répartition inégalement des formations sanitaires sur l’étendue du territoire. Les femmes qui vivent dans ces milieux rencontrent de nombreux problèmes lorsqu’elles sont enceintes du fait de l’inaccessibilité aux services de santé de base. D’où le taux de mortalité maternelle au Niger qui est de 509 décès pour 100 000 naissances vivantes. Le taux de mortalité infantile quant à lui est de 79,4 décès pour 1000 naissances avec une couverture vaccinale de 18% (Source : CIA World Factbook).
« Je suis contente qu’une journée ait été décrétée en faveur des femmes dans le monde. Néanmoins, nous souhaitons que les femmes puissent avoir plus de poste de prise de décision. Aussi, les femmes leaders doivent prendre en compte les besoins de leurs consœurs afin de leur apporter de l’aide surtout celles exerçant des activités génératrices de revenus », explique Madame Hassia Amadou Saley, une femme veuve qui exerce la vente de la bouillie à Niamey pour subvenir aux besoins de ses trois enfants.
En conclusion, il n’y aura pas d’égalité sans la participation et l’implication pleine des femmes rurales. La promotion de la femme dans le processus du développement n’est pas un problème d’équité mais surtout une nécessité. Pour arriver à cette émancipation complète, il faut que les besoins spécifiques des femmes soient pris en compte. C’est pourquoi, il est important d’accorder une attention particulière aux femmes rurales. Cela par la promotion du leadership des femmes rurales en assurant l’accès aux ressources (agricole, alphabétisation etc), faire participer les femmes rurales au processus de développement, allouer plus de fonds pour leurs permettre d’exercer des activités génératrices de revenus pour ne citer que ceux-là.
Adamou Mariam REJEA
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